La grève, un enjeu féministe

Sans les femmes, le monde s’arrête. En charge des tâches les plus essentielles dans nos sociétés, les femmes portent à elles seules les métiers du soin, de la dépendance, ou encore de l’éducation. Dans les chaînes d’approvisionnement des secteurs industriels et agro-alimentaires, elles sont des millions à œuvrer dans la conception, la transformation et la diffusion des produits et services du quotidien. Partout dans le monde, elles sont responsables du soin, de l'éducation, de l'entretien de la maison, des tâches fondamentales et non rémunérées. Chaque jour, les femmes "huilent la machine" qui maintient le monde et l’économie en marche. Imaginez que ça s’arrête. Sans les femmes, l’économie s’effondre.

La grève féministe, c’est d’abord dire non aux oppressions et inégalités structurelles en privant le capitalisme de la force de travail des femmes. Ensuite, c’est la possibilité de s’organiser collectivement, se rencontrer dans la solidarité, et ainsi créer une communauté de femmes en lutte pour une société féministe. C’est seulement ainsi qu’il est possible d’imaginer une société de droits, au service des personnes et de la planète.

Se mettre en grève : mode d’emploi

Le droit de grève est un droit constitutionnel fondamental reconnu et protégé par la justice. Toute personne salariée du privé ou agente de la fonction publique peut se mettre en grève, qu’elle soit syndiquée ou non.

Puis-je faire grève tout·e seul·e ? Dans le cas d’un appel national, comme c’est le cas pour le 8 mars 2025, il est possible de se déclarer en grève seul·e sur son lieu de travail, y compris quand le secteur n’est pas spécialement mobilisé. Attention toutefois à ne pas se laisser isoler par son employeur∙se. En dehors d'un appel national, une grève n’est licite que lorsqu'elle concerne au moins deux salarié·e·s. Il est toujours plus intéressant pour arriver à des victoires de s’assurer de la dimension collective de la grève et de faire lien avec les autres salarié·e·s. Et pourquoi pas de monter une section syndicale !

Un préavis de grève, ça sert à quoi ? Dans la fonction publique, les agent·e·s sont soumis·e·s à un dépôt de préavis de 5 jours avant l’appel à grève. Celui-ci doit avertir les employeur∙se∙s et informer des revendications, dates et durées de la grève en vue de possibles négociations. Il faut se renseigner selon sa branche pour savoir si une fédération syndicale a déposé un préavis. Dans le secteur privé, la loi n’impose aucun préavis ni délai de prévenance et l’employeur∙se, informé∙e des revendications, ne peut en aucun cas s’opposer au déclenchement de la grève.

Les salarié·e·s sont en revanche tenu·e·s de présenter des revendications de nature professionnelle, par différents moyens : revendications écrites, délégation auprès du responsable des ressources humaines, distribution de tracts, dépôt d’une pétition…Pour la grève du 8 mars, il faut par exemple indiquer : pour que soit appliquée au niveau national la loi sur l’égalité professionnelle et salariale et/ou pour lutter contre le travail du dimanche. Une fois ces revendications présentées, vous n'avez pas à prévenir de votre absence à l'avance.

On peut faire grève la journée, une demi-journée, une heure, et c’est seulement ce temps qui est retiré du salaire.

Me mettre en grève avec un contrat précaire ? En CDD, intérim, période d’essai, stage ou apprentissage, le droit de grève demeure garanti pour tous et toutes. Néanmoins certain·e·s employeur·se·s ne manqueront pas de faire planer la menace d’une perte ou d’un non-renouvellement de contrat pour les grévistes dont les statuts sont précaires et/ou vulnérables. Cette menace est malheureusement réelle, et il faut en tenir compte dans la décision de se mettre ou non en grève. L’employeur∙se ne pourra pas utiliser le motif de la grève pour justifier un licenciement. Il est bon de garder toute menace écrite dans la perspective de poursuites judiciaires. Se syndiquer est une bonne solution pour se protéger contre les abus des employeur∙se∙s et s’inscrire dans une démarche d’organisation collective.

Quelques grèves féministes victorieuses

1975, Islande : 90% des Islandaises ont fait grève du travail salarié, domestique et conjugal entraînant la fermeture des écoles, théâtres, imprimeries, services téléphoniques, journaux, commerces, et vols.

1991, Suisse : 500 000 femmes grévistes, grève reconduite en 2019 pour l’égalité professionnelle, la reconnaissance du travail domestique et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

#NiUnaMenos (Pas une de moins), 2016 en Argentine contre les violences patriarcales puis en 2018, toujours en Argentine, contre les licenciements, les restrictions budgétaires du gouvernement et pour l’avortement légal et gratuit.

#UnDiaSinNosotras (Un jour sans nous), 2020, Mexique : grève féministe pour dénoncer les féminicides. Cette grève aurait entraîné entre 1 milliard et 1,5 milliard de pertes économiques pour le pays.

Je ne peux pas faire grève, comment marquer mon soutien ?

Vous pouvez soutenir le mouvement du 8 mars de différentes façons. Vous pouvez par exemple :

rejoindre l'une des manifestations organisées dans la journée,
porter un foulard violet ou utiliser un fond d'écran violet si vous êtes en télétravail, car c'est la couleur de ralliement des grèves féministes dans le monde,
faire une pause symbolique et donner rendez-vous à vos collègues à 15h40 : c'est l'heure à partir de laquelle une femme française commence à travailler gratuitement, si l'on compare son salaire moyen avec celui d'un homme,
en postant vos photos ou vos messages sur les réseaux sociaux avec le mot-clé #grevefeministe
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Comment faire grève le 8 mars ?