Nous favorisons, autant que possible, la rencontre avec celles et ceux que la directive devrait protéger. C’est ainsi que nous avons organisé le séjour en Europe de deux activistes brésiliennes cet été, puis de trois membres d’un syndicat d’ouvrières et ouvriers agricoles en Équateur, pour leur permettre de rencontrer des personnes et des organisations susceptibles de les aider dans leur combat, et de soutenir une directive ambitieuse.

Nous participons à plusieurs coalitions d’ONG, avec qui nous partageons les résultats d’enquêtes de terrain, comme celle de septembre sur la situation des ouvrières du prêt-à-porter au Bangladesh et au Cambodge. Nous présentons nos arguments dans le cadre de conférences, de réunions informelles, ou dans des notes que nous diffusons auprès des personnes susceptibles d’influer sur le texte.

À ce niveau, l’un des principaux apports de notre association est son engagement de longue date contre les violences et discriminations liées au genre.

Grâce à des exemples concrets, nous montrons comment des plans de vigilance mal pensés pourraient renforcer les inégalités au lieu de les réduire. Car les préjudices causés par les activités des entreprises frappent, de manière spécifique et disproportionnée, les femmes et les minorités de genre.

Cela tient à :

l’exclusion des femmes des processus de décision : sauf exception, leur point de vue n’est pas entendu au cours des consultations, des audits ou des évaluations ;
des discriminations qui se cumulent : les femmes sont surreprésentées dans les emplois non déclarés, non qualifiés, saisonniers voire journaliers... ce qui les exposent davantage à des abus ;
des tabous : les violences sexistes et sexuelles sont fréquentes mais difficiles à identifier et combattre, car peu signalées et dénoncées par les victimes elles-mêmes ;
des inégalités intériorisées : l’inégale répartition des tâches domestiques fait ainsi peser sur les femmes l’essentiel des inconvénients et des risques liés à la raréfaction des sources d’eau potable, ou aux soins des personnes rendues malades par la pollution.

*Le développement de monocultures de palmiers à huile contraint cette femme, qui vit au Guatémala, à se rendre toujours plus loin pour disposer d'eau potable. Crédits : Fabio Erdos/ActionAid*

C’est au début de la pandémie de Covid‑19 que l’Union européenne a annoncé ce projet, sans doute en réponse aux multiples interrogations que cette crise a soulevées sur nos choix de société actuels.

Les mobilisations que nous organiserons d’ici la fin des négociations, sans doute à la fin de l’année, seront là pour lui rappeler que la société civile aspire toujours à un véritable "Monde d’Après".

Devoir de vigilance : un espoir de changement en 2023