Depuis plus de 20 ans, ActionAid France interpelle le géant du jouet Mattel, qui possède entre autres les marques Barbie et Fisher-Price, pour qu’il respecte les droits économiques et sociaux des ouvrières qui fabriquent les jouets dans ses usines asiatiques.

A l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, ActionAid France publie un nouveau rapport qui révèle que les ouvrières de Mattel continuent d'être exploitées, voire harcelées sexuellement.

Le rapport d’ActionAid France « Barbie se moque des droits des femmes », dénonce les conditions de travail indignes imposées aux travailleuses chinoises de Mattel. Cette nouvelle enquête a été menée en partenariat avec le China Labor Watch, dont une enquêtrice s'est "infiltrée" plusieurs semaines dans l’usine Foshan Nanhai Mattel Precision Diecast. Il s’agit de l’une des usines appartenant directement augroupe en Chine.

L’enquête d’ActionAid France révèle un climat de violences sexistes et sexuelles qui semble généralisé. Plusieurs ouvrières ont indiqué que les jeunes femmes étaient souvent victimes de violences verbales et d’humiliations.

Sur 10 femmes avec qui l'enquêtrice a pu échanger plus longuement, 4 ouvrières ont décrit des situations qui pourraient être qualifiées de harcèlement sexuel. L'une d'elles a été suivie après le travail par deux collègues masculins qui l’ont prise en photo à son insu. Elle se sent en danger mais n’a osé en parler à personne de peur de ne pas être crue. Une autre a déclaré à propos d'un collègue : «il vient vers moi à chaque pause, je voudrais qu'il me laisse tranquille. J'ai très peur ».

Pour Alice Bordaçarre, chargée de campagne Droits des femmes à ActionAid France : « A travers la planète, les femmes manifestent et s’organisent pour exiger la fin des violences sexistes et sexuelles, y compris dans le cadre de leur travail. Mattel n’a pas mis en place de mécanismes de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans ses usines, et doit combler ce retard au plus vite. »

Les conditions de travail sont également problématiques. Avec un salaire fixe mensuel qui s’élève à 242 € - soit moins de la moitié d’un salaire vital d’après une estimation de l’ONG Worker Empowerment - les ouvrier·ère·s n’ont d’autres choix que de multiplier les heures supplémentaires. Les ouvrier·ère·s ont ainsi travaillé jusqu’à 110 heures supplémentaires par mois en haute saison, alors que celles-ci sont plafonnées à 36 heures par mois par le droit du travail chinois.

En 1996, les ouvrier·ère·s étaient rémunéré·e·s à la pièce. Désormais, le salaire est fixe, ce qui est un progrès. Cependant, lorsqu’elles n’atteignent pas leurs objectifs de production, les ouvrier·ère·s font l’objet de pressions, de blâmes publics, voire de violences verbales. Le turn-over semble très important dans l’usine Foshan Mattel, en raison de ces cadences qui rendent le travail particulièrement pénible. Enfin, la sécurité reste un problème : les ouvrier·ère·s ne sont pas suffisamment formé·e·s, et la manipulation de produits toxiques sans protection persiste.

Alice Bordaçarre explique : « Mattel exploite les ouvrier·ère·s de cette usine. Le PDG de Mattel a gagné quasiment 17 millions de dollars en 2018, soit environ 3 500 fois plus que le salaire des ouvrier·ère·s ! »

ActionAid France lance un Appel Urgent pour demander à Mattel de garantir des conditions de travail respectueuses de la santé et de la sécurité des ouvrier·ère·s, le paiement d’un salaire au moins égal au revenu minimum vital et la mise en place de procédures internes efficaces de signalement des situations de harcèlement sexuel.

Contact presse : Alice Bordaçarre, chargée de campagne Droits des femmes : 01 80 89 58 32, alice.bordacarre@actionaid.org

Notre nouvelle enquête en Chine

[Rapport] Barbie se moque des droits des femmes