La crise à Gaza est d'une ampleur sans précédent

Plus de 41 000 personnes ont été tuées à Gaza, dont 16 500 enfants. Près de 96 000 personnes ont été blessées, tandis que 1,9 million de Palestinien∙ne∙s, soit 90 % de la population, sont déplacé∙e∙s à l'intérieur de Gaza. La crise alimentaire et sanitaire s'aggrave chaque jour, avec des infrastructures civiles anéanties par les bombardements incessants.

La destruction actuelle est massive : plus de 37 millions de tonnes de débris jonchent Gaza, où 10 % des explosifs largués restent non explosés, représentant une menace continue pour la population civile. Ce risque est accentué par les retours forcés des Palestinien∙ne∙s dans leurs maisons détruites, malgré la présence de ces explosifs mortels. Les expert∙e∙s estiment qu'il faudra plus de 14 ans pour mener à bien les campagnes de déminage dans la région, laissant des milliers de familles exposées au danger des explosifs non désamorcés.

Selon le Bureau des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA), environ 1,4 million de personnes manquent d'eau potable. La distribution d'eau est très insuffisante, et les ménages doivent acheter de l'eau, ce qui aggrave la crise économique. En plus des pénuries d'eau, de nombreux foyers n'ont pas accès à des installations sanitaires sûres. Les infrastructures d’assainissement sont sévèrement dégradées, exposant environ 1 million de personnes à des risques environnementaux graves (présence de déchets, de rongeurs et d’eaux usées près des habitations).

Des expert∙e∙s de l’ONU estiment qu'Israël organise une “famine ciblée” contre la population palestinnienne, notamment dans la bande de Gaza, où 96% de la population est en situation d’insécurité alimentaire aigüe. Dans le droit international, il s’agit d’un crime de guerre.

En effet, malgré les pénuries d'eau potable et de nourriture, l'aide humanitaire reste largement insuffisante. Le volume de camions humanitaires qui entrent dans Gaza a atteint un de ses niveaux les plus bas depuis un an, bien en deçà des besoins, en raison du blocus décidé par le gouvernement israélien. Les infrastructures médicales sont à genoux, avec de nombreux hôpitaux à court de carburant et d’équipement, voire en état de siège. La crise est telle que la résurgence de maladies évitables comme la polio a déjà été signalée par les agences humanitaires.

Profitant des violences commises par l’Etat israélien, le mouvement de colonisation se poursuit avec l'accaparement de nouvelles terres et l'expulsion des palestien∙ne∙s qui les occupaient jusqu'ici, et grossissent le nombre de personnes déplacées et privées de ressources.

La crise s'étend au Liban

Le Liban, lui aussi, fait face à des frappes aériennes intensifiées contre des cibles présumées du Hezbollah par l’Etat israélien. Plus de 1 800 personnes ont été tuées et 112 000 déplacées dans le sud du Liban, où les infrastructures civiles, déjà fragilisées, sont en voie de disparition.

La population, déjà lourdement affectée par la crise économique du pays, est maintenant confrontée à un nouvel exode. L’aide humanitaire peine à suivre, et la situation continue de se détériorer.

Résistance, solidarité internationale et auto-organisation des palestinen∙ne∙s

La résistance palestinienne s'organise principalement autour de mouvements non violents et d'auto-organisation locale, souvent soutenus par la solidarité internationale. Des groupes comme le International Solidarity Movement (ISM) participent activement à des actions directes non violentes aux côtés des Palestinien∙ne∙s, en protégeant les fermier∙ère∙s ou en enquêtant sur les violations des droits humains par les forces israéliennes.

Des initiatives locales comme celles soutenues par ActionAid Palestine visent à renforcer la résilience des femmes et des jeunes, en particulier dans les contextes de pauvreté et d'exclusion. Ces groupes mènent des actions collectives, notamment en coordonnant des réponses humanitaires et en plaidant pour la justice sociale et les droits humains. L'implication des jeunes et des femmes dans des mouvements de défense des droits joue un rôle clé, tandis que la solidarité internationale se manifeste à travers des appels urgents à mettre fin aux violations des droits

Et pendant ce temps, sur la "scène internationale"...

Malgré le manque de mobilisation de la communauté internationale, le Tribunal pénal international (TPI) a été saisi par plusieurs pays, dont l'Afrique du Sud, le Bangladesh, la Bolivie, les Comores, et Djibouti, en novembre 2023.

Ces États ont demandé au TPI d'enquêter sur les crimes présumés commis par Israël lors de son offensive à Gaza, invoquant des violations graves du droit international, notamment des crimes de guerre. Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a déclaré que cette saisine était motivée par la conviction que des crimes de guerre et des violations des droits humains sont en cours à Gaza, et que des mesures judiciaires à l'échelle mondiale sont nécessaires.

En janvier 2024, la Cour Pénale Internationale a dénoncé un risque plausible de génocide. En mai, elle a requis des mandats d’arrêt internationaux contre Benyamin Netanyahou, Ministre de la Défense d'Israël et plusieurs dirigeants du Hamas.

L'Organisation des Nations Unies (ONU), à travers plusieurs de ses instances, a qualifié certaines actions commises à Gaza, notamment les bombardements d'hôpitaux et d'écoles, de crimes contre l'humanité. Elle souligne la nécessité d'enquêtes approfondies sur d'éventuels crimes de guerre. Le Tribunal pénal international (TPI) a été saisi pour examiner les actes commis dans les territoires palestiniens, en lien avec de possibles violations graves du droit international humanitaire, et des enquêtes sont en cours pour déterminer les responsabilités.

Début octobre 2024, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à une écrasante majorité une résolution exigeant la fin de l’occupation de la Palestine par Israël dans les douze prochains mois.

La fédération ActionAid se mobilise

ActionAid soutient la population civile dans les Territoires Occupés de Palestine et au Liban. Notre fédération internationale participe à l'effort humanitaire et soutient en particulier les femmes et les jeunes qui organisent l'entraide. Elle appelle à un cessez-le-feu immédiat.

Notre fédération internationale a dénoncé à de multiples reprises la situation aggravée des femmes qui subissent de plein fouet les impacts du conflit en Palestine et au Liban. Déplacées, soumises à des conditions d’hygiène indignes, elles manquent de produits de base, ce qui aggrave leur vulnérabilité. Les violences et la destruction de leurs foyers ajoutent à leur traumatisme, notamment pour les plus jeunes et les mères de famille.

Lors des récents sommets humanitaires et des discussions au Conseil de Sécurité des Nations Unies, ActionAid International a appelé les États membres à intensifier leurs efforts pour garantir un accès humanitaire aux zones bombardées et protéger les civil∙e∙s : ouvrir des corridors humanitaires sûrs, fournir des carburants critiques aux hopitaux, etc. Mais les autorités israéliennes continuent de bloquer l’acheminement de l’aide internationale.

Les États occidentaux doivent impérativement intensifier leurs efforts diplomatiques, non seulement pour faire cesser les hostilités, mais aussi pour garantir que les populations civiles puissent recevoir l'aide dont elles ont désespérément besoin, et pour exiger la justice. Ces Etats, dont la France, doivent cesser leurs livraisons d’armes à Israël, qui les rendent complices des crimes de guerre commis sur place.

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur la crise à Gaza et au Liban, vous pouvez consulter les récents articles sur les actions d'ActionAid International. Vous pouvez également lire les précédents articles publiés par ActionAid France pour plus d'informations sur la réponse humanitaire et le plaidoyer en cours.

16 novembre 2023 - Solidarité avec les victimes de violences
1er février 2024 - La France doit respecter l'ordonnance de la CPI
11 mars 2024 - A quand un cessez-le-feu ?
1er août 2024 - Crise humanitaire à Gaza : nos constats et nos demandes
19 octobre 2024 - ActionAid France signe une lettre ouverte contre la présence d'Israël à Euronaval

En photo : un immeuble bombardé à Beyrouth, le 28 septembre 2024 © ActionAid

Une crise humanitaire sans précédent